Peine de mort: la sécurité fondée sur la dignité humaine est-elle possible?

Ruth Nakanjja

La sécurité s’est invitée à la célébration de la journée mondiale contre la peine de mort le 10 octobre 2025

La sécurité est souvent évoquée pour justifier le recours à la peine de mort lors des procès pour des actes jugés criminels. Le gouvernement de la république avait suspendu en 2024, le moratoire sur la peine de mort, observé depuis 2001, dans le but selon lui, de lutter contre la montée de la criminalité urbaine. Au regard du contexte de menaces sur l’intégrité nationale, le gouvernement en réhabilitant la peine capitale, voudrait également renforcer la discipline dans les rangs des service de défense.

En ce jour marquant le souvenir de l’abolition de la peine de mort le 9 octobre 1981 en France, alors que la mémoire  salue l’artisan de cette abolition, l’avocat français et ancien ministre de la justice, Robert Badinter panthéonisé ce jour dans son pays; la coalition mondiale contre la peine de mort a tenu un webinaire de haut niveau afin d’analyser la construction des discours sécuritaires autour de la peine capitale, réfléchir ensemble à pourquoi la peine de mort ne protège personne.

De manière générale, les Etats qui  appliquent la peine de mort, le font contre le terrorisme. Qu’il soit fondé sur la violence de masse ou sur une rhétorique séparatiste ou dissidente, le terrorisme est l’ennemi trouvé.

Sanctions politiques

Dans certains cas, des Etats utilisent des lois pour appliquer des infractions de terrorisme aux défenseurs des droits de l’homme, aux acteurs de la société civile et aux journalistes; estime Oliver windridge, avocat international spécialisé dans les droits de l’homme, les sanctions et le droit pénal international. Le cas d’un commentateur politique exécuté en Arabie saoudite en février 2024.

Idem en Mauritanie où une femme a été exécutée au motif d’adultère. Ce qui est incompatible avec les principes d’égalité et de non discrimination.  La peine devient “ une forme de violence sexiste. Elle est présentée comme une solution au lieu de l’accès à la justice et aux mécanismes de prévention”, a mis en avant Ivana Krstić – Vice-présidente du Groupe de travail des  Nations unies sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles; pointant du doigt des systèmes inégalitaires avec des attitudes patriarcales façonnant des lois.

En République démocratique du Congo, des procès devant les tribunaux civils ou militaires, aboutissent par des condamnations à la peine capitale.  Pour Olivier Lungwe Fataki, représentant de pax christi une asbl de droits de l’homme d’Uvira en RDC, l’insécurité pérsistante est le facteur majeur de la réinstauration de la peine de mort.

Pour lui, 27 des 30 infractions érigées dans le code pénal sont des infractions politiques. Ce qui parait comme “une instrumentalisation de la justice afin de regler des comptes aux opposants politiques et aux ddh” dit-il. Citant en exemple la condamnation à mort de Joseph kabila, ancien président de la République.

Droits des détenus et préjudices

Selon Ruth Nakanjja, survivante du couloir de la mort en Uganda, ce recours à la peine de mort traduit des lacunes de justice: “Les systèmes judiciaires méritent d’être changés” dit-elle. Après dix ans de torture dans le couloir de la mort, Nakanjja interroge sur les droits des détenus et les dommages, parfois irréparables, causés à leurs familles. Pour elle, l’application de la peine de mort engendre la violence.  

Collaboration pour y mettre fin

Ce faisant le recours à la peine capitale ne saurait prévenir la criminalité. Seule la collaboration de tous débouchera sur des mesures concrètes, pouvant assurer une sécurité fondée sur la dignité humaine, a conclu Oliver.

Comme en 2024, la thématique de la Journée mondiale 2025 est consacrée à la lutte contre la conception erronée selon laquelle la peine de mort peut rendre les personnes et les communautés plus sûres.

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